Je dois avoir la tête
De quelqu’un du coin
Car il ne se passe pas une semaine
Sans que quelqu’un me demande son chemin.
La semaine dernière et la précédente,
C’était dans la rue,
Ce mardi, sous une pluie battante,
Sur la piste cyclable en terre battue.
J’étais en train de pester
Parce que j’avais pris ce vélo aéré
Au lieu de me contenter d’emprunter
Un autobus ronronnant et abrité.
Canaille, le vent s’engouffrait
Dans mon fin manteau.
Mes verres, embués d’un côté,
De l’autre étaient pleins d’eau.
Pendant que je me battais,
Contre une humeur morose,
Une jeune fille me fit signe d’arrêter,
Grand sourire sous ses lunettes roses.
Je n’ai pas immédiatement saisi
Qu’elle était perdue,
Tant sembler glisser sur elle la pluie
Par ailleurs si drue.
Mais à cet instant et en pareil lieu,
J’étais le seul être disponible
Et je lui étais peut-être apparue,
Comme une vision impossible.
Je m’empressais alors de lui indiquer sa route,
Même si mon cerveau glacé
Sur la direction proposée
Émettait quelques doutes.
Nous nous sommes quittées enchantées.
Elle, parce qu’elle savait où aller,
Moi parce qu’elle m’avait offert l’occasion rêvée
D’une bonne humeur retrouvée.