Des pieds pour m’enraciner

Ça tombe bien, puisqu’il n’y a pas encore de neige!

Tu me dis que ma vie est ici maintenant, mais franchement, je n’en sais rien. Qui le sait d’ailleurs? Ma vie est ici maintenant, elle pourra aussi bien être ailleurs demain. « Être né quelque part, c’est partir quand on veut, revenir quand on part », comme le chante si bien Maxime. Mais après? Hein, après? Tout est chamboulé, il n’y a pas de certitude. Qui, 30 ans plus tard, vit encore là où il est né, de nos jours? Déjà, il faut être né à la maison, parce que les gens vivent rarement des les hôpitaux. Tiens, moi, je suis née à l’hôpital de Manosque, j’ai dû y vivre 2 jours, gros max. J’y suis retournée un peu y vivre à l’adolescence, à Manosque, mais pas à l’hôpital. J’étais interne (pas internée) au Lycée Félix Esclangon. Il paraît qu’il y a un autre Lycée maintenant, à Manosque. Ah! Les temps changent. « De mon temps, ce n’était pas comme ça », dirait ma grand-mère si elle était encore en vie. Je dis ça, mais je ne sais même pas si ma grand-mère utilisait ce genre d’expression.

Ma grand-mère Marie-Thérèse, justement, qui a pourtant dû naître à la maison (à Hoenheim, à côté de Strasbourg), ne s’était certainement pas imaginée enfant qu’elle se retrouverait sur le quai de la gare de Tunis à 20 ans pour épouser mon grand-père. Qu’ils débarqueraient en France environ 10 ans plus tard avec leurs 4 enfants et 2 valises et qu’ils s’établiraient provisoirement à Carry-le-Rouet pour quelque temps, non sans difficulté, à cause de leurs pieds noirs (enfin, surtout ceux de mon grand-père et des enfants, puisque ma grand-mère, elle, était née en Alsace, je vous rappelle). Elle n’avait certainement pas prévu non plus qu’elle finirait ses jours à Redortiers, dans le pays de la lavande, où elle a vécu 55 ans.

Mes pieds à moi ne sont pas étiquetés. Mes rêves d’enfant ne m’avaient pas amenée dans la Belle Province, dont je n’ai certainement pas entendu parler avant l’adolescence. Je ne me souviens pas avoir étudié ce bout de l’histoire de France à l’école. En fait, je me souviens que nous ne l’avons pas étudié. Bref. Je suis une grande lectrice, mais mes livres n’étaient pas toujours des livres de voyages, ou alors en Inde, qui est quand même assez loin de Montréal.

Peut-être mes pieds peuvent-ils s’enraciner « icitte »? Je ne sais pas. Je reconnais que les énergies de ce côté-ci de l’Atlantique me semblent plus favorables que dans mon pays d’origine. Que je vis tout avec plus d’intensité, peut-être à cause de l’exil. C’est dur d’être loin, mais c’est bien aussi, parfois, souvent. « Être heureux, ce n’est pas nécessairement confortable« , nous dit Thomas D’Ansembourg, alors je vais essayer, le confort m’importe peu.

Happy

Et hop, sans les pieds!

La créativité au service du social

Ce blogue était au départ destiné à accueillir les bonnes nouvelles du monde et finalement, je l’ai davantage utilisé pour voguer au gré de mon inspiration…

En tout cas, aujourd’hui, le 18 mars, j’ai décidé que je parlais de la créativité de quelqu’un d’autre, qui l’a mise au service des personnes démunies.

Véronika Scott, jeune femme extraordinaire de 25 ans, s’était donné comme défi, quand elle était étudiante au Collège de Détroit, de créer quelque chose qui répondrait à un vrai besoin de sa ville. L’itinérance étant un dossier majeur, puisqu’il touche un résident de Détroit sur 42, elle a décidé de s’y attaquer.

Elle a passé 5 mois à interroger des sans-abris et un jour, en observant deux personnes dans leur abri de fortune « maison », elle a imaginé un manteau convertible en sac de couchage. Visiblement, elle avait dû joué davantage avec des Transformers qu’avec des Barbies, quand elle était enfant…

Ce manteau révolutionnaire, utile à bien des égards, parce qu’il permet aussi aux personnes qui vivent en situation d’itinérance de rester indépendantes, a été fabriqué à plus de 10000 exemplaires par The Empowerment Plan, l’organisme sans but lucratif lancé par Veronika. Il a permis également à plusieurs personnes de sortir de la rue, comme les 17 couturières de l’organisme.

Il y a beaucoup d’idées géniales dans ce monde et j’aime quand elles viennent répondre à un besoin vital (ou plusieurs dans ce cas: dormir, au chaud, sans dépendre d’un foyer…) plutôt que créer un « besoin » vituel de plus dans la grande famille de ceux de la société de consommation…

 

À votre santé!

Je ne sais pas vous, mais moi, il y a deux particularités qui m’ont toujours fascinée au Québec, en dehors de l’hiver et de la poutine, bien sûr. Ce sont le bénévolat, qui fera l’objet d’un autre billet, et le système de santé. Les deux sont parfois en lien d’ailleurs, mais ce ne sera pas l’objet de mon propos ici.

Je viens d’un pays où lorsque l’on est moyennement malade, on se rend chez SON médecin (parce qu’on a toujours un). Si on est vraiment trop malade pour se déplacer, on n’a qu’à l’appeler et il vient. S’il ne peut pas parce que, par exemple, c’est un médecin en ville, on appelle SOS Médecins. En écrivant cela, je me demande si je fabule et si je n’ai tout simplement pas inventé cette particularité, tellement cela me semble irréel maintenant que je vis à Montréal. Je précise que je fais partie des chanceuses qui ont un médecin de famille, parce que j’ai été enceinte à une époque où ce statut permettait d’accéder à ce privilège. Bon, ladite médecin travaille à Verdun (soit à 18 km de chez moi) et à temps partiel, mais vraiment, je ne vais pas chipoter quand je pense à tous les gens qui n’ont pas de médecin de famille. Ici, je marque un temps d’arrêt au cas où des Français me liraient. Avoir un médecin de famille, cela signifie surtout avoir une adresse et un nom chez qui faire son bilan de santé annuel. Parce que pour le reste (c’est-à-dire les fois où je tombe malade à une autre date), je fais comme tout le monde, je vais à la clinique d’urgence, du lundi au vendredi. Comme dit l’un de mes proches, si tu tombes malade la fin de semaine, tu n’as qu’à rester au lit (parce que les urgences de l’hôpital le weekend, c’est comme partout dans le monde, chacun a sa petite histoire d’horreur sur le sujet et quelqu’un en a même fait une série télévisée). Mon ami ajoute qu’en matière de santé, on est mieux de faire de la prévention, d’où un certain engouement pour le yoga et la naturopathie, mais ne nous éloignons pas, SVP.

Quand je dis que je trouve le système de santé fascinant, c’est parce qu’après 7 ans et ½ passés ici, je n’ai toujours pas une idée très précise de ce en quoi il consiste réellement. Je peux vous assurer qu’il est aussi obscur pour plusieurs Québécois que je connais et dont je tairai les noms. Il y a des cliniques médicales privées, rattachées, pour certaines, au réseau public de santé, dans lesquelles on peut avoir un suivi médical. Il y a les Centres locaux de services communautaires (CLSC) qui offrent des services dans leurs locaux, dans les écoles et à domicile. Ils dispensent, entre autres, des soins infirmiers et des services de prévention. C’est là que je me rends pour mes prises de sang, par exemple. Comme j’ai travaillé pour l’Association des résidences intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ), je sais ce que sont les résidences intermédiaires, mais aussi les Centres d’hébergement (autrefois appelés CHSLD, mais il paraît qu’on ne le dit plus) parce que leur association était sur le même palier. Il y a également bien sûr les hôpitaux. Certaines de ces entités dépendent des CSSS (prononcer C 3 S), les centres de santé et services sociaux, mais pas toutes.

Comme vous le voyez, il n’est pas facile de s’y retrouver, dans ce dédale. Et je n’ai pas encore parlé des services de soins à domicile, des unités transitoires de réadaptation, des cliniques de vaccination et autres options aux noms sinon rafraîchissants, du moins savamment étudiés. J’ajoute que je n’ai même pas évoqué les services offerts aux victimes de violence conjugale ou aux parents de jeunes en difficulté. Et alors, me direz-vous, il y a bien un site Internet auquel se référer au cas où une question nous tarauderait? Bien sûr! Pourquoi pas celui de l’Agence de la santé et des services sociaux (ASSS, vous l’aurez deviné)? Eh bien, si vous allez sur ce site, dans la rubrique « organisation des services », vous pourrez y lire que c’est une section actuellement en développement…

Heureusement que le Comité Santé Rosemont (dont je fais partie) est là! (Mon aguiche était peut-être un peu longue, je me suis laissée débordée par mon sujet). Le Comité Santé Rosemont, qui fait partie de la démarche Décider Rosemont Ensemble, a pour but de favoriser l’accès aux soins de santé et services sociaux. Nous nous sommes donné pour mandat de défricher le terrain et de donner de l’information sur le système de santé, localement. Notre premier événement est une soirée d’information et d’échanges sur les services offerts par le CSSS Lucille-Teasdale. Elle aura lieu mercredi prochain, le 19 novembre, de 18 h 30 à 21 h, au Centre Gabrielle-et-Marcel-Lapalme, 5350, rue Lafond. Elle se déroulera en deux temps. Dans la première partie, deux représentantes du CSSS présenteront les services. Dans la deuxième partie, les citoyens seront invités à poser toutes leurs questions sur les services auxquels ils ont droit. Nous comptons en apprendre beaucoup mercredi prochain et vous invitons à vous joindre à cette cohorte de gens bien informés. Venez nombreux, vous n’allez pas vous ennuyer!

affiche pour le 19 novembre VERSION 4

« Confiance, confiance, vous avez dit confiance? »

Après Cuba, me voici partie au Japon. Enfin, par journaliste interposé. Un bel article sur la confiance comme fondement de la société japonaise. Cela m’a rappelé l’anecdote que l’on m’avait confiée au sujet d’un immigrant français au Japon, qui avait oublié sa sacoche sur sa moto et l’y avait retrouvée, intacte, quelques heures après, avec son ordi dedans. Et cela me fait dévier sur le fait que j’ai moi-même oublié deux fois mon sac à main à Montréal et que je l’ai retrouvé avec tout son contenu les deux fois. Je précise que la première fois, je l’avais laissé sur le siège bébé de mon vélo et qu’il y avait passé la journée entière! Si ça vous intéresse, la deuxième fois, c’était dans la salle d’attente bondée du médecin (mais je ne passe jamais plus de 20 minutes chez le docteur – ce qui suffit amplement pour se faire dérober son sac, me direz-vous). Cela est d’autant plus troublant que je me suis fait voler deux fois mon sac à main en France, alors que j’y faisais extrêmement attention. Disons que les deux fois où je l’ai oublié, je n’ai presque pas douté que j’allais le retrouver, alors que les deux fois où il m’a été piqué, je ne vouais pas une confiance absolue aux gens qui composaient l’environnement dans lequel j’évoluais…Hum, étrange, non?

Tramway

Célébration: nous sommes en novembre!

Vivre

D’aucuns dépriment dès le premier novembre
Et courent se cacher dans leur chambre,
Parce qu’ils anticipent un mois pluvieux,
Froid, gris et ennuyeux.

Il y a trois jours, de mon côté
Par le froid piquant revigorée
J’ai fêté le début de l’année celte,
Avec entrain et même zèle, mademoiselle.

Le soleil était radieux
Et ses rayons éclatants
(Bon, je sais, comme épithète, j’aurais pu trouver mieux)
Envoyaient un peu de chaleur contrer le vent.

Je souris depuis aux dernières capucines
Qui, avec les framboises, s’obstinent
À battre des records de longévité
Dans mon petit jardinet.

Les écureuils se disputent
Les graines de la citrouille qu’ils ont éventrée
– La pauvre, c’est injuste!
Pendant que la chatte au chaud est restée.

La cour est encore bien vivante,
Avec ses plantes verdoyantes
Et si ce n’était le mercure,
J’irais m’y étendre sur une couverture.

Pourquoi pas « sous », me direz-vous
C’est que je n’y avais pas pensé, c’est fou!

Tiens! La chatte est sortie.
La voici prête à bondir,
Sur l’un des rongeurs gris
Qui ne se laissera pas engourdir.

Pas plus que je ne me laisserai envahir
Par les doutes et l’inaction,
Car novembre pour moi verra fleurir
Encore plus de créativité et de réalisations!

La bonne nouvelle aujourd’hui

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que le temps est à la pluie. Bien humide et bien froid, pour nous donner un avant-goût des rhumatismes que nous aurons un jour. Pour l’instant, nous avons seulement un rhume, alors nous sommes heureux.

Bouddha mouillé

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous pourrons manger du confit de canard – un peu gras, juste comme il faut – sans complexe, puisqu’il fait froid, gris et pluvieux justement. Et vous prendrez bien un petit dessert au chocolat, avec ça?

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous allumerons un faux feu dans notre cheminée électrique quétaine. Il ne sent pas, il ne crépite pas, mais il fait une petite ambiance quand même, à condition de mettre la musique plus fort que le petit bruit de soufflerie.

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que je vais enfiler mon ensemble en peau de mouton, les pantoufles assorties à la veste, avec la fourrure qui dépasse, s’il-vous-plaît.

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que les enfants vont être hyper-excités par tous les bonbons de lendemain d’Halloween dont ils se seront gavés. Et nous les parents, aigris de ne pouvoir nous intoxiquer avec tout ce sucre chimiquement coloré sans faire exploser notre indice glycémique au-delà de ce que notre foie tolère (et je ne parle pas de diabète), pourrons librement critiquer la société de consommation qui récupère des fêtes traditionnelles à des fins commerciales.

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous n’aurons pas de morts à visiter au cimetière qui est à 6000 km et nous pourrons nous remémorer les époussetages de tombes auxquels nous avons participé petits avec une grande tante. Pourquoi dit-on Fête des morts, alors qu’on ne met pas de musique et que l’on ne sert pas d’alcool, juste des fleurs en pots?

La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que nous achèterons quand même des chrysanthèmes, qui sont de fort jolies fleurs et que j’enverrai à la dernière minute ma nouvelle pour le concours de Radio Canada.

La bonne nouvelle aujourd’hui, enfin, c’est que nous nous coucherons super tard, vers 21 h, parce que nous serons crevés d’écrire des niaiseries et aussi parce que nous pourrons dormir une heure de plus demain grâce à la fin de l’heure avancée cette nuit. Mais ça, nous le vivrons demain!

Chat alors!

chat cooperatif

N’ai-je pas l’air cool?

Comme vous êtes les deux seules représentantes féminines de la maison en dehors de moi, je voulais vous dédier ce petit article. Pour toutes les fois où je serai agacée parce que vos doux miaulements, à peine insistants, m’empêchent de me concentrer sur mon nouveau travail, ou parce que vous marchez sur mon clavier, ce qui m’handicape carrément pour mon nouveau travail.

– Ah bon? T’as un nouveau travail?

– Ben oui, je ne fais pas que flâner dans la maison et rêvasser comme vous. Je participe au ravitaillement en croquettes, moi.

– Oui, ben ça, c’est parce que t’as des mains et des pieds pour conduire une voiture. Nous ne pouvons pas, avec nos pattes, transporter un sac de 20 kg de croquettes spécial santé dentaire.

– Mmm. Vous pourriez chasser des souris ou des oiseaux.

– Pas facile avec les deux médailles que nous avons autour du collier. Nos proies potentielles ont l’ouïe fine et nous entendent arriver de loin…

– Là, je vous accorde que l’Arrondissement aurait pu penser que vous aviez déjà votre médaille de championnes du vaccin antirabique avant de vous coller une médaille de résidentes du quartier. Je me demande souvent comment vous supportez tout ça. N’êtes-vous pas supposées être des animaux à moitié sauvages? Là, vous êtes vaccinées, stérilisées et vous essayez d’avoir une humaine à l’usure pour une avance sur votre ration de croquettes…

– Cela s’appelle l’acceptation. Rien ne sert de lutter contre ce que tu ne peux pas changer. Et puis, nous sommes des animaux généreux. Vous, les humains, vous avez besoin de nous.

– Ah bon?

– Tout-à fait, pour vous enseigner les caresses, la coolitude et le lâcher prise.